Catégorie : Conseil

  • Quand les Étoiles Rencontrent la Terre Rouge

    La Terre rouge a bu le sang « Jean-François Chabas »

    « La Terre Rouge a Bu le Sang »*, Chabas nous entraîne dans une aventure à la fois épique et intime, où deux extraterrestres, venus observer la Terre, se retrouvent plongés au cœur d’une culture aborigène. Ce qui devait être une mission d’exploration se transforme en une quête profonde, une découverte de l’humanité dans ce qu’elle a de plus vibrant et de plus fragile. À travers une écriture à la fois poétique et percutante, l’auteur nous fait ressentir la beauté de cette culture, ses traditions, ses chants, et son lien indéfectible avec la terre. Mais cette beauté est menacée par les « mingas », ces « diables blancs » dont la cupidité et la violence risquent de tout détruire.

    Les deux extraterrestres, d’abord simples observateurs, se laissent peu à peu toucher par cette culture. Ils découvrent des rituels, des histoires racontées autour du feu, des moments de partage qui les transforment en profondeur. Leur mission initiale s’efface devant cette immersion, et ils deviennent, presque malgré eux, les protecteurs de ce monde en péril. Leur attachement à cette culture, à ces gens, dépasse tout ce qu’ils avaient prévu. C’est une histoire de connexion, de respect, et de lutte contre l’oubli.

    Pourtant, la menace est bien réelle. Les « mingas » avancent, avides de richesse et de pouvoir, prêts à tout écraser sur leur passage. Leur présence représente une force destructrice, un danger pour tout ce qui fait la beauté et la singularité de cette « nouveau monde » . Chabas, avec une grande sensibilité, oppose la splendeur de cette communauté à la brutalité des envahisseurs. Ce contraste rend la lecture à la fois fascinante et douloureuse, car on sent que chaque page est un combat contre la disparition d’un monde précieux.

    . Chabas nous rappelle que la grandeur ne réside pas dans la domination ou le pouvoir, mais dans la compréhension, le respect et la protection de ce qui est fragile. À travers cette histoire, il nous pousse à réfléchir à notre propre rôle dans la préservation des cultures menacées, à notre responsabilité envers les autres et envers la mémoire.

    « La Terre Rouge a Bu le Sang » est une expérience littéraire qui n’est pas simple intrique SF. C’est un voyage à travers les étoiles et les âges, une plongée dans une culture riche et vibrante, mais aussi un cri d’alarme face à la destruction. Les extraterrestres, transformés par leur immersion, deviennent des symboles de notre propre humanité, de notre capacité à nous connecter, à ressentir, et à protéger ce qui compte vraiment. Une lecture qui marque, qui inspire, et qui reste longtemps en mémoire.

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune .

  • Au bord de l’abîme : les échos de la Grande Guerre dans « Falaises » de Xavier Becquet 

    La mémoire collective, vous savez, c’est ce qui nous relie à notre histoire, à nos racines. Et parfois, cette histoire est lourde, marquée par des événements qui ont laissé des cicatrices profondes. C’est dans ce contexte que « Falaise », roman de Xavier Becquet, s’impose comme une lecture essentielle. Ce livre est bien plus qu’un simple récit : c’est un hommage poignant aux victimes de la Grande Guerre et aux traces indélébiles qu’elle a laissées dans leurs vies. Une œuvre qui nous rappelle, avec une sensibilité rare, que les échos du passé résonnent encore aujourd’hui. 

    Quand on pense à la Première Guerre mondiale, on imagine souvent les champs de bataille, les tranchées, les uniformes. Mais ce conflit a surtout marqué les esprits, brisé des vies et laissé des blessures invisibles. Les morts sont sauvés par le sommeil éternel.

    Des auteurs comme Céline, Cendrars ou Remarque ont su capturer cette noirceur, cette désillusion face à un système qui a sacrifié des générations entières. Xavier Becquet, à son tour, s’inscrit dans cette tradition littéraire engagée. Mais au lieu de nous plonger dans les combats, il nous emmène à la falaise de Mers-les-Bains, un lieu symbolique où le passé et le présent se rencontrent, en 1939, durant la drôle de guerre. 

    Dans « Falaise », on rencontre un couple de vétérans. Leur histoire est celle de millions d’autres : des corps et des esprits meurtris par la guerre. Leur espoir a été balayé, leur volonté de vivre mise à rude épreuve. Pourtant, grâce à l’amour de leur famille, à la chaleur d’un foyer et à la dignité retrouvée dans le travail, ils tentent de se reconstruire. Becquet nous fait ressentir chaque émotion, chaque lutte intérieure. On se surprend à s’attacher à ces personnages, à partager leurs doutes et leurs petites victoires. 

    L’intrigue prend un tournant haletant avec l’arrivée d’une lettre venue de Guyane. Elle révèle un lourd secret : un ancien combattant est emprisonné pour le meurtre d’un autre vétéran. Au cœur de ce drame, un cheminot illettré, ancien soldat de la Grande Guerre, se transforme en détective improvisé, déterminé à percer la vérité : le meurtrier condamné est-il vraiment celui que la justice a désigné ? Son enquête devient une quête de justice, mais aussi une lutte contre les silences et les mensonges qui enveloppent les survivants de la guerre.

    Avec une plume à la fois incisive et touchante, Xavier Becquet nous rappelle que la guerre n’est pas une abstraction lointaine. Elle est une réalité qui nous concerne tous, hier comme aujourd’hui. 

    En somme, « Falaises » est bien plus qu’un roman : c’est une méditation sur la fragilité et la résilience de l’humanité. Xavier Becquet nous rappelle que nous sommes tous, à notre manière, des marcheurs au bord du précipice, oscillant entre l’ombre du passé et la lumière incertaine de l’avenir. Les personnages de ce récit, marqués par les cicatrices de la guerre, nous montrent que même au bord de l’abîme, l’humain continue d’avancer, porté par l’amour, la dignité et cette force inexplicable qui nous pousse à reconstruire, encore et toujours. Comme la falaise de Mers-les-Bains, qui défie les assauts du temps et des vagues, l’humanité reste debout, fragile, mais indomptable, prête à affronter les tempêtes et à trouver, dans les fissures de son histoire, les graines d’un avenir possible. « Falaises » est un hommage à cette marche fragile, à cette humanité qui, malgré tout, refuse de tomber.

     Une lecture qui nous invite à regarder notre propre précipice, fascinés par le vertige du vide, mais toujours tournés vers la terre ferme, vers cet espoir qui, comme une main tendue, nous rappelle que l’équilibre est possible.

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune .

  • « Le Bastion des Larmes » d’Abdellah Taïa : Un voyage déchirant au cœur de l’(in)humanité

    Dans son roman Le Bastion des Larmes, Abdellah Taïa nous plonge dans un récit poignant, une descente aux enfers qui n’a rien de surnaturel. Loin des démons et des monstres mythologiques, l’enfer de Taïa est bien réel, incarné par une société marocaine rongée par l’hypocrisie, la violence et le mépris. Publié aux éditions Julliard, ce livre est bien plus qu’un roman : c’est un cri du cœur, une exploration brutale et nécessaire des blessures infligées par la famille, la société et les tabous.

    À travers les yeux de Youssef, le héros du roman, Taïa revient sur une enfance marquée par la haine et la violence, une adolescence étouffée par le rejet et la trahison. Les pages décrivent des réalités insoutenables, comme la bestialité humaine, le viol des enfants, et les relations schizophréniques d’une société avec l’homosexualité. Ces thèmes, aussi difficiles soient-ils à aborder, sont traités avec une sincérité déchirante, rendant ce livre à la fois terrifiant et indispensable.

    Mais au-delà de la souffrance, Taïa offre aussi une lueur d’espoir. Pour Youssef, comme pour l’auteur, la survie passe par l’exil – à la fois intérieur et réel –, mais aussi par l’amour, la tendresse et l’humanité. Les morts, omniprésents dans les rêves du héros, deviennent des compagnons de route, partageant ses peines, ses chagrins, mais aussi ses moments de grâce.

    Abdellah Taïa, né dans un quartier populaire entre Salé et Rabat, a grandi dans un environnement où l’homosexualité est considérée comme un crime. Revendiquant son identité gay à travers ses écrits autobiographiques, il a choisi l’exil en France en 1999 pour vivre librement. Aujourd’hui, il prépare une thèse sur le peintre Fragonard à la Sorbonne et continue d’écrire en français, langue dans laquelle il exprime avec une rare intensité les combats de sa vie.

    Le Bastion des Larmes est bien plus qu’un roman : c’est un miroir tendu à une société, une invitation à affronter les tabous et à reconnaître la profondeur du mal qui ronge encore trop de communautés. Un livre difficile, mais essentiel, qui nous rappelle que même dans les ténèbres, l’amour et l’humanité peuvent triompher.

    Et vous, êtes-vous prêt à plonger dans ce récit bouleversant ?