Étiquette : Mizubayashi

  • Renaître par la Beauté

    Dans un monde de médiocrité et de pacotille, à une époque où même la réalité nous échappe et où la vérité, la loi, ne sont que des formes relatives, il est rare de trouver des écrivains contemporains alliant profondeur, talent et la volonté de façonner le beau et l’harmonie. Le Japon, souvent fantasmé par nous, Européens, comme un lieu de paix, de raffinement et d’élégance — où l’ikebana, la cérémonie du thé, le haïku, Hokusai, sont devenus ses symboles —, cache une histoire sombre et cruelle. On oublie trop facilement les millions de Chinois, de Coréens, de Philippins, disparus sous la botte de l’impérialisme japonais. C’est pourquoi, chez les auteurs japonais, j’ai toujours trouvé ces deux facettes : harmonie et chaos, ténèbres. Certains — possèdent cette approche onirique, pudique et élégante de l’écriture. Alors, quand je me suis plongé dans le dernier ouvrage de Mizubayashi, je partais de cette attente. Et, bien sûr, il ne m’a pas déçu : ce livre est une beauté condensée, une harmonie au cœur d’un monde en flammes.

    Tokyo, décembre 1944. Employé dans un centre de tri postal, Ren Mizuki y rencontre deux étudiants partageant sa passion pour la culture et l’art européens : Yuki, qui deviendra sa compagne de vie, également peintre, et Bin, violoniste promis à une carrière internationale, qui restera à jamais son frère de cœur.
    En 1945, Ren est envoyé en Mandchourie, dans l’enfer des combats. Mutilé, meurtri, il revient persuadé qu’il ne pourra plus jamais tenir un pinceau. Yuki lui offrira tout l’amour et la passion possibles pour l’aider à surmonter l’insurmontable.

    La double culture d’Akira est l’atout de cet auteur. Sa passion et sa connaissance profonde de la « culture européenne » se reflètent à chaque page de ce roman. Sa maîtrise somptueuse de la langue française est un atout supplémentaire. Et les quatuors de Beethoven accompagnent notre lecture : si vous le pouvez, mettez la Cavatine du Quatuor à cordes n°13 de Beethoven sur votre gramophone. Il est incroyable de voir comme « maître Mizubayashi » a merveilleusement entrelacé le mot, la note et la trace du pinceau sur la toile.

    Ce roman est une histoire d’amour, mais pas de ces amours sentimentales, modernes et superficielles. Cette œuvre décrit un amour réel, presque métaphysique, qui transcende le mal, la guerre, la souffrance. Un livre qui guérit, apaise, caresse et fait renaître.

    Retrouvez ce livre sur nos étagères à la librairie Chien Sur La Lune.

    GALLIMARD 21€