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  • Un père ordinaire, une bestialité extraordinaire 

    Un père ordinaire : Sur les traces d’Alfred Douroux, de la LVF et de la Waffen SS

    Hélas, je n’ai plus aucun grand-père en vie, mes parents ne sont plus de ce monde non plus. Personne dans ma famille n’a collaboré avec l’occupant, ni avec les collaborateurs locaux. Bien sûr, en tant que peuple slave, nous étions sur une liste courte pour l’esclavage ou l’extermination physique, ce qui rendait impossible toute sympathie envers le Troisième Reich. Mon grand-père a participé aux grandes manifestations à Belgrade contre le gouvernement qui avait signé un pacte avec Hitler. Quelques jours plus tard, ce gouvernement fut renversé par un coup d’État, et le peuple serbe scanda à travers toute la Serbie : « Plutôt la tombe que l’esclavage ! » Le 7 avril, les avions de la Luftwaffe rasent Belgrade. Pour la deuxième fois en moins de cinquante ans, le peuple serbe est attaqué par la puissante Wehrmacht, et l’armée royale est vaincue en une dizaine de jours. À Belgrade, les premiers camions à chambres à gaz sont testés sur les Juifs locaux, les communistes serbes et les malheureux Roms. En moins de quelques mois, les communistes et les patriotes serbes déclenchent un soulèvement contre l’occupation allemande et mènent une guerre de partisans courageuse contre les Allemands et les collaborateurs. Plusieurs membres de ma famille prirent part dans le soulèvement et ont combattu dans les rangs des partisans. Pour la deuxième fois en moins de cinquante ans, le pays est libéré par le combat héroïque du peuple serbe et des autres peuples yougoslaves. Les Allemands et les traîtres sont chassés du pays.  C’est pourquoi je suis toujours glace par le dégrée de collaboration et fanatisme de fascistes vichistes de France .

    Le livre dont je vais vous parler traite des Français qui ont combattu sous l’uniforme SS en Biélorussie, et qui ont commis des atrocités inhumaines contre les Russes, les Biélorusses, les Ukrainiens et les Juifs. Ces hommes étaient les derniers fanatiques à défendre Hitler à Berlin, jusqu’au dernier moment. Pour moi, cette haine profonde, ce racisme et cette volonté de domination des fascistes français restent incompréhensibles, même aujourd’hui. 

    Ce livre est un voyage intime dans le passé de Philippe Douroux, qui a toujours su que son père était un fasciste, nazi  ayant combattu pour les « valeurs européennes », contre les « barbares de l’Est » et les « judéo-bolcheviks » qui détruisaient le tissu social et notre « glorieuse civilisation blanche » . Dans cet ouvrage, Philippe D. révèle les horreurs de la guerre à l’Est, en Biélorussie, où des paysans et des Juifs innocents tombent sous la botte de l’unité SS  Charlemagne. Et pas seulement sous la botte, mais aussi sous le couteau, la balle et la brutalité. Car, malheureusement, ces « combattants pour l’Europe et la fraternité franco-allemande » n’étaient pas seulement des anticommunistes, mais aussi des meurtriers sanguinaires, des sadiques, des vampires assoiffés du sang des Biélorusses et du peuple soviétique (principalement des Russes, des Biélorusses et des Juifs soviétiques). Beaucoup d’entre eux ne se contentaient pas de tuer les « Untermenschen » slaves et les « judéo-bolcheviks », mais ont ensuite participé à des expéditions punitives contre la Résistance en France. Après la guerre, ils se sont révélés utiles en Algérie et au Vietnam. En Biélorussie, ils ont appris de leurs frères SS la technique de la guerre totale contre les plus faibles : femmes, enfants, bébés. Ils ont appris à violer, égorger et abattre de manière efficace, car leur courage était bien sûr à son apogée face aux vieillards, aux enfants et aux femmes. Face à l’Armée rouge, leur puissance était bien moins visible. À tel point que les Allemands les ont relégués à l’arrière, où ces « patriotes » se sont révélés être d’excellents tueurs d’enfants et de grands-mères… 

    Ce livre est une collection de témoignages et de documents historiques qui empêchent l’oubli des crimes de ces bêtes. Après la guerre, la plupart de ces « héros » sont restés impunis. Quelques-uns ont passé quelques mois en prison, deux ou trois ont été fusillés. Tous les autres ont trouvé une vie paisible après la guerre, continuant à glorifier « leur combat contre le bolchevisme » et à expliquer comment le complot communiste mondial avait inventé les 26 millions de morts en Union soviétique et les camps de concentration. Sobibor, Treblinka, Belzec, Auschwitz ne sont, selon leurs témoignages, que des « détails de l’histoire ». La négation a atteint un tel point aujourd’hui, grâce à Giscard et aux nouveaux « philosophes » des années 80, que le martyre de l’URSS est désormais mis sur le même plan que la souffrance des Allemands pendant la guerre. Que les criminels et les monstres sont présentés comme des « combattants » contre le communisme. Ce livre explique à plusieurs reprises comment cela a pu arriver. Il mérite une lecture sérieuse et des recherches supplémentaires sur les crimes des SS « français ». Philippe D. n’a fait qu’effleurer la surface de l’horreur commise au nom de la « Grande Nouvelle Europe » par les Français, les Italiens, les Belges, les Néerlandais, les Finlandais, les Norvégiens, les Roumains, les Hongrois et les Ukrainiens, en alliance avec le « fraternel » Reich millénaire.  Ces « patriotes » français, formés dans l’idéologie nazie et ayant appris les techniques de répression brutale en Biélorussie, ont ensuite réutilisé ces méthodes lors des guerres coloniales, notamment en Indochine et en Algérie. Leur expérience dans la guerre totale contre les civils, acquise sous l’uniforme SS, a été mise à profit pour écraser les mouvements indépendantistes.

    En Indochine, lors de la guerre contre le Việt Minh (1946-1954), les forces françaises ont employé des tactiques de terreur inspirées de celles utilisées en Europe de l’Est. Des villages entiers étaient rasés, des civils torturés ou exécutés sommairement, et des techniques de contre-insurrection brutales étaient appliquées pour tenter de briser la résistance vietnamienne. Les exactions commises, comme les massacres de civils, rappellent tristement les crimes perpétrés en Biélorussie.

    En Algérie, pendant la guerre d’indépendance (1954-1962), ces méthodes ont été poussées à leur paroxysme. Les militaires français, dont certains avaient servi sous Vichy ou dans les rangs de la collaboration, ont systématiquement recouru à la torture, aux exécutions extrajudiciaires et aux déplacements forcés de populations. Des villages étaient bombardés, des suspects torturés pour obtenir des informations, et des civils massacrés dans des opérations de « pacification ». Le massacre de Melouza en 1957, où des centaines de civils algériens ont été tués, ou encore la bataille d’Alger, marquée par une répression impitoyable, témoignent de cette continuité dans les pratiques de violence extrême.

    Ces guerres coloniales ont ainsi servi de terrain d’application pour des techniques de répression héritées de la Seconde Guerre mondiale, montrant comment les crimes commis au nom de l’idéologie nazie ont laissé une empreinte durable dans les pratiques militaires et policières françaises. Cette sombre continuité historique souligne l’importance de ne pas oublier les origines de ces méthodes et leurs conséquences dévastatrices.

    L’un de ces « patriotes » forçait les villageois à creuser des fosses où ils étaient entassés comme des sardines et abattus d’une balle dans la nuque. Lorsque cette bête trouvait un bébé à moitié vivant, il l’abattait d’une balle dans la tête, éliminant ainsi un « judéo-bolchevik » potentiel. Le livre est rempli de ces témoignages effroyables. Des dizaines de milliers de villages en Biélorussie, en Ukraine et en Russie ont été rayés de la carte, leurs habitants brûlés vifs dans les églises ou abattus… Plus d’une fois, j’ai dû poser le livre pour reprendre mon souffle. Cet ouvrage reste un avertissement, un rappel de ce que signifient le fanatisme et la croyance aveugle en la justesse d’une « cause ». Mais il montre aussi à quel point le monde occidental a la mémoire courte, ayant très vite oublié la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Pire encore, il a transformé les victimes en coupables et les coupables en victimes. Ce livre est une pilule contre l’oubli, amère mais nécessaire. 

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune .