Au bord de l’abîme : les échos de la Grande Guerre dans « Falaises » de Xavier Becquet 

La mémoire collective, vous savez, c’est ce qui nous relie à notre histoire, à nos racines. Et parfois, cette histoire est lourde, marquée par des événements qui ont laissé des cicatrices profondes. C’est dans ce contexte que « Falaise », roman de Xavier Becquet, s’impose comme une lecture essentielle. Ce livre est bien plus qu’un simple récit : c’est un hommage poignant aux victimes de la Grande Guerre et aux traces indélébiles qu’elle a laissées dans leurs vies. Une œuvre qui nous rappelle, avec une sensibilité rare, que les échos du passé résonnent encore aujourd’hui. 

Quand on pense à la Première Guerre mondiale, on imagine souvent les champs de bataille, les tranchées, les uniformes. Mais ce conflit a surtout marqué les esprits, brisé des vies et laissé des blessures invisibles. Les morts sont sauvés par le sommeil éternel.

Des auteurs comme Céline, Cendrars ou Remarque ont su capturer cette noirceur, cette désillusion face à un système qui a sacrifié des générations entières. Xavier Becquet, à son tour, s’inscrit dans cette tradition littéraire engagée. Mais au lieu de nous plonger dans les combats, il nous emmène à la falaise de Mers-les-Bains, un lieu symbolique où le passé et le présent se rencontrent, en 1939, durant la drôle de guerre. 

Dans « Falaise », on rencontre un couple de vétérans. Leur histoire est celle de millions d’autres : des corps et des esprits meurtris par la guerre. Leur espoir a été balayé, leur volonté de vivre mise à rude épreuve. Pourtant, grâce à l’amour de leur famille, à la chaleur d’un foyer et à la dignité retrouvée dans le travail, ils tentent de se reconstruire. Becquet nous fait ressentir chaque émotion, chaque lutte intérieure. On se surprend à s’attacher à ces personnages, à partager leurs doutes et leurs petites victoires. 

L’intrigue prend un tournant haletant avec l’arrivée d’une lettre venue de Guyane. Elle révèle un lourd secret : un ancien combattant est emprisonné pour le meurtre d’un autre vétéran. Au cœur de ce drame, un cheminot illettré, ancien soldat de la Grande Guerre, se transforme en détective improvisé, déterminé à percer la vérité : le meurtrier condamné est-il vraiment celui que la justice a désigné ? Son enquête devient une quête de justice, mais aussi une lutte contre les silences et les mensonges qui enveloppent les survivants de la guerre.

Avec une plume à la fois incisive et touchante, Xavier Becquet nous rappelle que la guerre n’est pas une abstraction lointaine. Elle est une réalité qui nous concerne tous, hier comme aujourd’hui. 

En somme, « Falaises » est bien plus qu’un roman : c’est une méditation sur la fragilité et la résilience de l’humanité. Xavier Becquet nous rappelle que nous sommes tous, à notre manière, des marcheurs au bord du précipice, oscillant entre l’ombre du passé et la lumière incertaine de l’avenir. Les personnages de ce récit, marqués par les cicatrices de la guerre, nous montrent que même au bord de l’abîme, l’humain continue d’avancer, porté par l’amour, la dignité et cette force inexplicable qui nous pousse à reconstruire, encore et toujours. Comme la falaise de Mers-les-Bains, qui défie les assauts du temps et des vagues, l’humanité reste debout, fragile, mais indomptable, prête à affronter les tempêtes et à trouver, dans les fissures de son histoire, les graines d’un avenir possible. « Falaises » est un hommage à cette marche fragile, à cette humanité qui, malgré tout, refuse de tomber.

 Une lecture qui nous invite à regarder notre propre précipice, fascinés par le vertige du vide, mais toujours tournés vers la terre ferme, vers cet espoir qui, comme une main tendue, nous rappelle que l’équilibre est possible.

Disponible à la librairie Chien Sur La Lune .

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