Quand chaque instant s’épuise. Quand tout nous lasse, nous ennuie, que chaque geste devient un mécanisme de plus dans l’infernale machine moderne qui nous entoure. Dans ces moments où nous oublions ce que signifie exister, respirer à pleins poumons, utiliser les sens que la nature, Dieu, ou le hasard nous a donnés.

En ces temps rageurs, renfrognés, étriqués, plus personne ne regarde l’autre, son prochain. Plus personne ne s’arrête deux secondes pour s’émerveiller devant le ciel, une fleur, un enfant à vélo, une grand-mère sur un banc, un beau visage dans la rue. Plus personne n’a envie d’échanger quelques mots avec le clochard du quartier.

Nous fixons tous l’abîme de notre vanité, ce petit miroir monstrueux et électronique que nous portons dans nos poches et qui nous a tous transformés en marâtre de Blanche-Neige. Tout est devenu comme ce fameux passage du Solaris de Lem : nous ne cherchons plus la découverte de l’autre, du nouveau, de l’exceptionnel, de l’unique. Nous ne traversons pas des années-lumière dans l’espoir d’une rencontre. Nous cherchons un miroir.

C’est pourquoi nous partons parfois en voyage, par besoin de changement. Nous allons dans des contrées lointaines par des autoroutes saturées, nous volons dans des avions low-cost qui sentent la transpiration et la bière bon marché. Les trains sont trop rapides : en trois heures, nous sommes n’importe où. Finis les coussins de voiture, les barques où les amoureux (ou les infidèles) sirotent du vin blanc en chuchotant, finis les voyages en bus où l’on chante en chœur et où l’on joue aux cartes sur les sièges étroits. Tout le monde s’ennuie vite et sort son miroir électronique pour se perdre dans des séries addictives, des likes, des influenceurs et autres superfluités.

La bande dessinée « Plus Loin Qu’Ailleurs » de Chabouté est une invitation à fuir nos vies souterraines. Un défi, vers l’inconnu… qui est pourtant juste devant nos yeux, à quelques mètres de nous. Plus loin qu’ailleurs, ce n’est pas si loin. C’est nous qui ne savons plus voyager vers le plus proche. Cet album vous emmène là où vous avez toujours été, mais que vous n’aviez jamais découvert. Chaque planche est une poésie du banal et du merveilleux.

Dépêchez-vous. Offrez cet album, qui est le plan parfait pour s’évader de la cage dorée de la vie moderne.
Disponible à la librairie Chien Sur La Lune


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