Catégorie : Conseil

  • Istanbul en Bulles

    L’Âme d’une Nation à travers les Yeux d’un Artiste Rebelle involontaire

    Quelle bande dessinée, mes amis de la librairie « Chien Sur La Lune ! Il y a longtemps que je n’avais pas lu une œuvre aussi captivante. Riyad Sattouf et Marjane Satrapi peuvent faire leurs valises et abandonner l’idée de la bande dessinée biographique. « Ersin is in the house » », et tout va basculer. Cet auteur, en deux tomes (et nous attendons impatiemment le troisième), nous plonge dans la Turquie des années 80, 90 et 2000, jusqu’en 2017. Avec lui, nous grandissons, nous mûrissons, et suivons le parcours d’un artiste adulte sur les rives du Bosphore. Le Bosphore, où les vagues de la géopolitique agitent les plaques tectoniques de ce pays immense, crucial et magnifique, qui oscille entre deux continents, deux visions du monde . Nous faisons la connaissance d’Ersin, non pas comme un héros, un combattant, un Turc intrépide, mais comme un jeune homme effrayé qui, avec une sincérité désarmante, participe à l’écriture de l’histoire de son pays.

    Tout commence avec Tintin, Astérix et Superman, quand Ersin, passionné de bandes dessinées depuis son plus jeune âge, découvre le pouvoir de l’art à travers ces œuvres intemporelles. Ersin dessine merveilleusement bien, et c’est bien plus qu’un simple passe-temps pour lui. Jusqu’au jour où il décide de devenir ingénieur. Cette décision d’abandonner l’art pour se consacrer à des études « sérieuses » fera de lui un artiste. Étant un élève médiocre, l’école d’ingénieurs ne lui réussit pas, et pendant que le pays change de jour en jour – coups d’État, terrorisme, bouleversements politiques – Karaboult puise dans tout cela une force et une créativité gigantesques. Courageusement, il se met à dessiner et à vendre ses courtes bandes dessinées à des journaux satiriques qui, à cette époque, poussent comme des champignons après la pluie. Très vite, il devient dessinateur et en vit. Les changements politiques en Turquie coïncident avec la création du journal satirique « L’Insomniaque », avec lequel Ersin deviendra un dessinateur culte de la Turquie moderne. Mais cela l’entraînera aussi dans le tourbillon de l’histoire contemporaine turque, dans une lutte involontaire mais sincère contre l’autoritarisme d’Erdogan. Le diable emporte vite la plaisanterie, car le pays sombre dans l’islamisation et l’instabilité politique durant la deuxième décennie du XXIe siècle. « L’Insomniaque » devient la voix satirique de la jeunesse turque, un point de ralliement pour l’opposition citoyenne  face à la montée du conservatisme.

    Ce qui est merveilleux dans l’univers d’Ersin, c’est l’absence totale de malveillance et de mensonge. Ersin ne cache pas qu’il a peur, qu’il est terrifié par la situation. Il n’a pas de courage surhumain ni de sens du sacrifice, mais il est un scribe sincère qui, malgré lui, aime se moquer. Il provoque en respirant, et ensuite, il panique. Cela donne un ton incroyable à cette superbe bande dessinée, ainsi qu’une drôlerie particulière. Il est impossible de décrire la qualité et l’originalité des dessins, l’authenticité et la beauté organique qu’Ersin parvient à nous transmettre de cette ville (pour moi) la plus belle du monde : Istanbul. Mais aussi son talent caricatural – tout le monde en prend pour son grade, les progressistes, les conservateurs, les islamistes, et même les artistes ratés et lâches.

    Que dire de plus, sinon de vous plonger dans le Bosphore, de vous perdre dans les ruelles de Beyoğlu, ce quartier bohème rempli de belles filles et de beaux garçons (car les Turcs sont généralement un peuple beau), de rencontrer Ersin et sa joyeuse troupe de caricaturistes, de participer aux manifestations contre le « sultan » et de boire des larmes de rage pleins de gaz lacrymogène . La Turquie est une folie, mais aussi une douce mélancolie (« hüzün »). Ayez peur d’une guerre civile, et buvez une bière Effes en compagnie de la jeunesse turque. Cette bande dessinée est pleine de force et de finesse orientale.

    La Turquie, sous l’ère Erdogan, est un pays en pleine mutation. Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Recep Tayyip Erdoğan a profondément transformé le pays, oscillant entre modernisation économique et retour à un conservatisme religieux. Son règne, marqué par des succès électoraux répétés, a aussi été ponctué de controverses : répression des médias, arrestations massives après le coup d’État manqué de 2016, et un autoritarisme croissant qui a divisé la société turque. L’opposition, bien que fragmentée, continue de se battre pour préserver les vestiges de la laïcité kémaliste, tandis que la jeunesse turque, à travers des mouvements comme ceux soutenus par « L’Insomniaque », cherche à redéfinir l’identité du pays.

    « Journal Inquiet D’Istanbul  » est bien plus qu’une bande dessinée : c’est un voyage intime à travers l’âme d’un pays en pleine tourmente, une ode à la résilience et à l’humour face à l’adversité. C’est une œuvre qui mérite d’être découverte pour sa beauté, son audace et sa sincérité. Alors, plongez-vous dans ce récit, laissez-vous emporter par les rues d’Istanbul, et découvrez pourquoi cette bande dessinée est un trésor dessiné à ne pas manquer.

  • Epépé « Dans les Méandres de l’Incompréhension »

    Livre de la semaine

    Ferenc Karinthy est né le 29 février 1921 à Budapest. Fils de Frigyes Karinthy, écrivain de génie (auteur de « Voyage autour de mon crâne »), et d’Anna Bohm, psychiatre et psychologue, qui disparut dans les crématoires d’Auschwitz. Ferenc fut un dramaturge, écrivain, chroniqueur, traducteur et linguiste hongrois renommé, ainsi qu’un excellent joueur de water-polo. Un homme aux qualités et talents exceptionnels. C’est pourquoi son roman « Epépé » est le livre de la semaine » dans notre petite librairie.

    Malheureusement, la littérature hongroise est très peu connue en France. Ce pays, situé au cœur de l’Europe, autrefois un grand empire, a engendré une littérature, poésie et, plus généralement, art et culture d’une richesse exceptionnelle. Leur particularité et leur relative fermeture culturelle, ainsi que leur crainte de la germanisation, ont fait des Hongrois, Magyars un peuple très distinct sur notre continent. Un continent, ou plutôt une petite péninsule de l’immense masse terrestre asiatique, où nous nous comprenons généralement car nos racines culturelles sont gréco-latines, avec des références communes, des imbrications culturelles et historiques. La Hongrie n’est pas totalement exclue de ces connexions, mais on peut dire que sa langue la rend tout à fait unique dans l’histoire européenne. Bien qu’ils soient un peuple typiquement centre-européen, leur langue et leurs origines centrasiatiques, les rendent particuliers en Europe. Cela se ressent profondément dans leur littérature, profondément originale, singulière et, comme on le dit souvent, majestueuse.

    Le roman de Ferenc est unique : il explore la langue comme outil d’échange et de communication. Mais si son principe semble simple, la compréhension ne l’est pas. Comment communiquer quand la langue de l’autre est totalement étrangère, sans aucun repère culturel ou linguistique ? Le roman commence par le voyage de Budai, un linguiste renommé, se rendant à un congrès de linguistique à Helsinki (quelle coïncidence, un autre pays avec une langue rare et étrange). L’avion atterrit dans une mégalopole polluée, bruyante, chaotique, surpeuplée d’humains et de voitures… Budai perd ses bagages, ses documents, et dans un chaos indescriptible, il réalise qu’il n’est pas à Helsinki. Ni lui ni nous, lecteurs, ne savons où il est. Tout ressemble à notre civilisation, à nos mégalopoles oppressives, tout semble familier mais ne l’est pas. Et surtout, la langue, malgré ses connaissances polyglottes et linguistiques, Héro de Karinthy ne parvient pas à la comprendre, pas même le plus petit pronom, le verbe le plus courant, ou un nom. Aucune trace de grec, de latin, des langues slaves ou d’anglo-saxon, nordique. Une fois plongé dans ce tourbillon, une sentiment nauséabonde, angoissant accompagne ce roman sombre et original, un véritable chef-d’œuvre. Bien sûr, Kafka, Zamiatine nous viennent à l’esprit tandis que nous voyageons à travers ce cauchemar linguistique, décrit avec maestria par Ferenc Karinthy.

    Ce roman dérangeant est une métaphore parfaite de notre capacité exceptionnelle à ne pas comprendre l’autre. La multicouches de cette œuvre est incroyable : entre la chronique absurde d’un linguiste qui ne comprend pas et ne peut apprendre la langue de l’autre, se déploient des thèmes universels profonds : qu’est-ce que la langue ? À quoi sert-elle ? Que signifie communiquer ? L’atmosphère oppressante, humide et visqueuse d’une ville sans fin, surpeuplée, ajoute à l’angoisse, provoquant en nous un profond malaise. L’impuissance face à cette situation d’incompréhension, et la machine écrasante de la mégalopole qui broie les êtres humains comme un moulin, ajoutent à l’angoisse et à la peur, un niveau supplémentaire de folie, de chaos et d’horreur. Ferenc Karinthy a écrit un chef-d’œuvre, sans se perdre dans des futurs imaginaires et sombres, souvent qualifiés de « dystopies » ou « uchronies ».

    Le roman de Ferenc Karinthy, « Epépé », s’inscrit dans une tradition littéraire qui explore les limites de la communication et les absurdités de la bureaucratie et de la modernité, des thèmes chers à Franz Kafka et à Ievgueni Zamiatine. Comme dans « Le Procès » de Kafka, où Josef K. est confronté à un système judiciaire incompréhensible et oppressant, Budai, le protagoniste de « Epépé », est plongé dans un univers où la langue, outil fondamental de communication, devient une barrière insurmontable. Cette incompréhension linguistique reflète l’aliénation de l’individu face à des structures sociales et bureaucratiques qui le dépassent, un thème central dans l’œuvre de Kafka.

    De même, Zamiatine, dans « Nous autres », dépeint une société dystopique où la langue et la pensée sont contrôlées pour maintenir l’ordre et supprimer l’individualité. Dans « Epepe », bien que le contexte ne soit pas explicitement dystopique, l’incapacité de Budai à comprendre la langue de la mégalopole évoque une forme de dystopie linguistique, où l’échec de la communication symbolise l’échec de la connexion humaine dans un monde de plus en plus fragmenté et déshumanisé.

    Ainsi, « Epépé » de Ferenc Karinthy s’inscrit dans une lignée littéraire qui interroge les fondements de la communication et de l’identité humaine, tout en offrant une réflexion profonde sur les défis de la modernité. À travers l’absurdité et l’angoisse, Karinthy, comme Kafka et Zamiatine avant lui, nous invite à réfléchir sur notre propre capacité à comprendre et à être compris dans un monde de plus en plus complexe et déroutant.

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune .

  •  » J’emporterai le feu » Une fresque familiale entre passion, tabous et modernité

    Les romans de Slimani, et en particulier sa trilogie sur le Maroc et les trois générations d’une même famille, constituent une lecture agréable et captivante. Les deux premiers tomes, en particulier, sont remarquables. Leïla Slimani nous plonge avec fluidité et élégance dans l’année 1946, où une jeune Française originaire d’Alsace arrive dans un Maroc en pleine effervescence politique. Elle y retrouve son amour de guerre, Amin, un soldat colonial. Leur passion, ainsi que les tabous de l’époque concernant les mariages mixtes, ne peuvent empêcher cette femme de changer radicalement de vie et de fonder une famille dans un pays qui lui est étranger. De 1946 à nos jours, nous suivons les destins croisés de trois générations de cette famille métissée, traversant épreuves, victoires, pertes, désillusions, amours et trahisons.

    Le plus grand atout de cette œuvre réside dans sa lisibilité. Slimani est une conteuse hors pair, et jamais nous ne perdons le fil de l’histoire. Son style, d’un réalisme saisissant, nous maintient constamment en haleine, sans jamais nous laisser dans le flou ou la confusion. Le récit coule comme un ruisseau de montagne, limpide et continu. Dommage que le troisième tome, bien qu’intéressant et parfois brillant, soit plus formaté et empreint de clichés modernes, abordant des thèmes typiques de la société contemporaine.

    En somme, Slimani a écrit trois bons romans. Pour ceux qui aiment les sagas familiales et une écriture presque cinématographique (à certains moments, on se croirait dans une série palpitante), cette trilogie sera un véritable régal. L’œuvre de Leïla Slimani s’inscrit dans la lignée des grands récits familiaux et historiques, rappelant parfois les fresques sociales de siècle dernière .

    À travers cette saga, Slimani explore avec finesse la complexité des liens familiaux, les défis de l’identité culturelle et les tensions entre tradition et modernité. La famille, ici, est à la fois un refuge et un champ de bataille, un lieu où se jouent les luttes intimes et collectives. Les personnages, profondément humains, nous rappellent que la vie est un tissu de contradictions, de joies et de douleurs, où chaque génération doit négocier avec l’héritage du passé tout en forgeant son propre chemin.

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune.

  • Livre de la semaine : « Les Carnets du sous-sol » de Fiodor Dostoïevski

    Livre de la semaine : « Les Carnets du sous-sol » de Fiodor Dostoïevski


    Fiodor Dostoïevski (1821-1881) est l’un des plus grands écrivains russes et une figure majeure de la littérature mondiale. Né à Moscou, il a traversé une vie marquée par des épreuves intenses : une enfance difficile, une condamnation à mort commuée en exil en Sibérie, des dettes chroniques et une santé fragile. Ces expériences ont profondément influencé son œuvre, où il explore les abîmes de l’âme humaine, la liberté, la culpabilité et la rédemption. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent Crime et Châtiment, Les Frères Karamazov et Les Carnets du sous-sol, un roman qui incarne à lui seul la profondeur de sa pensée et son génie littéraire.


    Les Carnets du sous-sol (1864) est souvent considéré comme l’un des premiers romans existentialistes de l’histoire. L’œuvre se présente comme le monologue intérieur d’un narrateur anonyme, un homme amer, isolé et tourmenté, qui vit littéralement et métaphoriquement dans un « sous-sol ». Ce personnage, à la fois complexe et repoussant, incarne une dualité fascinante : il se sent intellectuellement supérieur aux autres, mais socialement rejeté et moralement déchu.

    Dostoïevski y explore des thèmes universels : la révolte contre la rationalité, le désir de liberté absolue, même au prix de la souffrance, et la quête désespérée de sens dans un monde absurde. Le narrateur, bien qu’antipathique, nous force à nous interroger sur nos propres contradictions. Comme il le dit lui-même : « L’homme aime créer et tracer des chemins, c’est incontestable. Mais pourquoi aime-t-il aussi passionnément la destruction et le chaos ? »

    Ce roman est aussi une critique acerbe de la société et de ses conventions. Le narrateur rejette l’idée que l’homme puisse être réduit à un simple calcul rationnel ou à un comportement prévisible. Pour lui, la véritable essence de l’humanité réside dans son irrationalité, sa capacité à agir contre ses propres intérêts, simplement pour affirmer sa liberté.

    Les Carnets du sous-sol est une œuvre sombre, mais profondément humaine. Elle nous confronte à nos propres démons intérieurs et nous rappelle que la condition humaine est faite de contradictions, de souffrances, mais aussi d’une quête incessante de vérité.


    Fiodor Dostoïevski est un génie littéraire dont l’œuvre continue de résonner avec une force inégalée. Son exploration des profondeurs de l’âme humaine, sa capacité à dépeindre les conflits intérieurs et sa vision prophétique de la société moderne en font un auteur intemporel. Les Carnets du sous-sol est une pierre angulaire de son héritage, un livre qui nous pousse à réfléchir sur notre propre existence et notre place dans le monde.

    Pour découvrir ou redécouvrir ce chef-d’œuvre, rendez-vous à la librairie Chien Sur La Lune, où vous trouverez cet ouvrage ainsi que d’autres trésors de la littérature mondiale.

    « Laissez-nous seuls, sans les livres, et nous serons perdus, abandonnés, nous ne saurons pas à quoi nous accrocher, à quoi nous retenir; quoi aimer, quoi haïr, quoi respecter, quoi mépriser?« 

  • Tu peux lâcher ma main » : Un voyage littéraire au cœur de la mémoire

    Vous est-il déjà arrivé de fouiner parmi de vieilles photographies ? D’ouvrir des tiroirs poussiéreux et de tomber, au milieu d’une pile de clichés, sur un visage, un paysage, une famille posant fièrement devant une vieille Simca, une Peugeot ou une Volkswagen ? Vous est-il arrivé que cette même image réveille en vous des souvenirs qui, comme une vague, vous submergent, faisant resurgir des centaines de détails, de voix, de visages, d’odeurs, de saveurs qui vous traversent tout entier ? Ainsi, il n’est pas rare que les morts nous visitent, non pas comme des spectres ou des fantômes effrayants et inquiétants, mais comme des présences, chaleureuses et nostalgiques. Leurs voix résonnent dans nos oreilles et parviennent, ne serait-ce qu’un instant, à nous ramener à une époque où nous étions encore ensemble.

    Le roman de Laurence Logiest-Chovaux a réussi, à travers son histoire familiale, à éveiller en nous cette douce mélancolie de retrouvailles avec ceux qui nous ont quittés. D’une manière fluide, simple et accessible, ce livre décrit la vie, à la fois ordinaire et romanesque. « Tu peux lâcher nos mains » est un témoignage, un refus de l’oubli et un bel hommage à la famille. Laurence refuse d’oublier. Par son écriture, elle redonne vie à des paysages, à des personnes, à leurs existences que le temps et la modernité tentent d’effacer. Elle capture l’essence de ces moments éphémères, ces instants qui, bien que passés, continuent de vivre en nous.

    Dans ce récit, chaque détail est une invitation à se replonger dans notre propre histoire. Les personnages, bien qu’ancrés dans une époque révolue, nous parlent avec une familiarité troublante. Leurs joies, leurs peines, leurs espoirs et leurs regrets résonnent avec nos propres expériences. C’est là toute la magie de ce livre : il ne se contente pas de raconter une histoire, il nous permet de revivre la nôtre.

    Tu peux lâcher ma main transcende le simple cadre du roman pour devenir une véritable étreinte littéraire, un pont tendu entre les vivants et ceux qui ne sont plus. C’est une célébration de la mémoire, un rappel que ceux que nous avons aimés ne disparaissent jamais vraiment tant que nous continuons à les évoquer. À travers ses mots, Laurence nous offre un refuge, un espace où le passé et le présent se rencontrent, où les souvenirs deviennent des compagnons bienveillants. Ce livre est une douce caresse pour l’âme, un rappel que, même dans l’oubli apparent, il y a toujours une lumière, une présence, une voix qui murmure : « Je suis toujours là ». Et c’est peut-être cela, la plus belle forme d’éternité.

  • LIVRE DE LA SEMAINE FAHRENHEIT 451

    Fahrenheit 451, ou comment Ray Bradbury nous avait prévenus (et on a préféré les vidéos de chats)

    Le livre de la semaine : Fahrenheit 451. Pourquoi Ray Bradbury ? Certains diront que Bradbury a écrit il y a 50 ans aux États-Unis, une vieille science-fiction dépassée et ennuyeuse. Tout cela, bien sûr, est faux. Bradbury est le pionnier de la forme moderne et artistique de la science-fiction. Sa créativité et son imagination peuvent largement rivaliser avec celles de ses successeurs, et souvent, il surpasse même les auteurs actuels de ce genre. Je me souviens comme si c’était hier de son recueil de nouvelles « L’Homme illustré », emprunté à ma bibliothèque locale où la bibliothécaire(qui avait entre 60 et 289 ans),  a à peine accepté de me le prêter. Car à la fin des années 80, il était encore très difficile d’accéder à la littérature pour « adultes » quand on était mineur. Déjà sur le banc devant la bibliothèque, j’ai lu les deux premières nouvelles, et je suis immédiatement devenu un amoureux convaincu de la prose de Bradbury. La claque fut révélatrice : Asimov, Heinlein, Simak et les autres auteurs de pulps étaient en réalité secs, répétitifs et englués dans leurs idées. Parmi eux, Ray se distinguait vraiment, il était autre chose.

    https://youtu.be/r6VUExA5UKA?si=6ZS7h4kJTSxWWcXY

    Bradbury est connu pour sa prose lyrique et son focus sur les émotions humaines, la nostalgie et les questions philosophiques, utilisant souvent la science-fiction comme cadre pour explorer ces thèmes. Cependant, ses œuvres ne se concentrent généralement pas sur les détails techniques ou la précision scientifique, ce qui a conduit certains critiques à contester leur appartenance à la science-fiction « pure ». Au lieu de cela, les œuvres de Bradbury sont souvent considérées comme de la « soft » science-fiction, voire de la fantasy, car elles se préoccupent davantage de l’expérience humaine que de la technologie. Par exemple, dans son célèbre ouvrage *Les Chroniques martiennes*, l’accent est mis sur les émotions humaines, la solitude et la nostalgie, plutôt que sur les aspects techniques du voyage vers Mars ou du fonctionnement des vaisseaux spatiaux.

    Ainsi, les œuvres de Bradbury se situent souvent à la frontière entre la science-fiction et la fiction littéraire, ce qui a suscité des débats sur leur identité de genre. Son style, empreint de lyrisme et de profondeur émotionnelle, dépasse souvent les limites traditionnelles de la science-fiction, ce qui le rend unique et difficile à classer dans des catégories de genre strictes.

    Fahrenheit 451 est l’un des deux romans que Bradbury a écrits. S’il n’avait écrit que celui-ci, cela aurait suffi à faire de lui une légende, ce qu’il est déjà aujourd’hui. L’histoire de « Fahrenheit 451 » se situe dans une société où les livres sont interdits, et la lecture est un crime (ça vous rappelle quelque chose  ?). Les pompiers et la police (qui sont plus ou moins la même chose) sont chargés de brûler les livres. L’un des policiers/pompiers prend conscience de l’horreur de la société dans laquelle il vit et décide de rejoindre un groupe de rebelles. Ce mouvement de résistance lutte contre la stupidité et la barbarie en apprenant par cœur des œuvres de la littérature classique. Tout le décor et l’histoire sont plus que jamais d’actualité. La lutte contre l’imagination, la belle prose, le savoir, l’érudition a connu un essor que Bradbury, hélas, n’a pas réussi à imaginer. Mais il nous a offert une allégorie glaçante qui nous avertit depuis plus d’un demi-siècle, sans pour autant porter ses fruits.

    L’abrutissement général de la population à travers la télévision, Internet, les réseaux sociaux (ah, hélas, nous aussi lisons cela sur Internet et les réseaux sociaux) est en plein essor. Beaucoup d’enfants dans nos sociétés « développées » n’ont jamais touché un livre. Il n’y a plus de pompiers pyromanes, mais en revanche, la « dématérialisation » et la lutte contre le « papier » (qui détruit les forêts, contrairement à l’IKEA et à l’agriculture intensive, bien sûr) sont en plein boom. La censure est plus forte qu’à l’époque de la France coloniale, de l’Angleterre victorienne ou de l’Allemagne nazie. La soumission volontaire et le léchage de bottes du « mainstream », du « pouvoir », des « éléments du langage » font de nous des pompiers pyromanes et des policiers volontaires de nos tristes vies aseptisées. Nous sommes réduits à une version « cheap » de la folie narcissique et de l’autoglorification, où le selfie est devenu l’aspect le plus important de l’existence, et l’autopromotion, une obsession jusqu’à l’évanouissement.

    Bien que nous ne brûlions plus les livres (du moins pas chez nous), nous les tournons en ridicule en changeant leurs titres, en amputant leurs mots, en les noyant sous des explications interminables et les jugements de commentateurs creux .

    Alors, bravo à nous ! Nous avons réussi à créer une société où l’ignorance est une vertu, la bêtise une norme, et la culture un vestige du passé. Bradbury nous avait prévenus, mais nous avons préféré regarder des vidéos de chats et « liker » des selfies. Aujourd’hui, nous sommes les pompiers pyromanes de notre propre déclin, et nous en sommes fiers. Et si un jour les livres disparaissent vraiment, ne vous inquiétez pas : nous aurons toujours nos écrans pour nous distraire de notre propre médiocrité. Après tout, qui a besoin de penser quand on peut scroller ?

    Disponible à la librairie Chien Sur La Lune

  • La Vie des Spectres : un roman qui dévore notre époque sans espoir ni pitié

    Patrice Jean a peut-être écrit le meilleur livre de l’année.Pas le plus beau, ni le plus intrigant, encore moins celui qui déborde d’espoir et de joie. Non, l’auteur a radiographié, comme avec un scanner, les entrailles de notre monde aseptisé, poli, désinfecté. « La Vie des Spectres » nous plonge dans cet univers, mais pas à la surface : il nous entraîne dans ses abysses, ses gouffres. 

    Jean est journaliste dans la presse régionale. Son métier consiste à rencontrer des personnalités marquantes de la vie locale pour en dresser le portrait. Cependant, lorsque l’un de ses articles déclenche une polémique sociétale, sa femme et son fils se retournent violemment contre lui. Ils l’accusent d’être dépassé, infréquentable, voire irrécupérable. Confronté à ce rejet, Jean quitte le domicile familial et s’installe dans un pavillon abandonné. C’est dans ce lieu isolé qu’il entame un dialogue inattendu avec des spectres, comme si ces derniers incarnaient les voix oubliées ou étouffées de la société. Leur conflit reflète les multiples questions qui déchirent notre société d’une manière presque manichéenne : néoféminisme, violence, éducation, sexe, « racisme », littérature. Patrice , sans langue de bois, avec un cynisme à la Brecht ou à la Hilsenrath, pulvérise les mythes, les tabous, et ne laisse aucune place à la mièvrerie nauséabonde. Pour Patrice , le monde a perdu sa force, son élan, sa créativité, son imagination. Les automates, les algorithmes et les morts-vivants règnent en maîtres sur nos vies, nous volant jour après jour notre raison, nos rêves, nos croyances, nos convictions. 

    Le héros, écœuré par l’hypocrisie de notre époque, cherche la paix parmi les spectres. C’est ainsi qu’il quitte notre monde pour dialoguer avec les fantômes. 

    Patrice Jean est la surprise de cette saison littéraire. Ce livre ne plaira pas à tout le monde, mais son honnêteté, son esprit et la finesse de sa plume ne laisseront personne indifférent. Que vous soyez « woke », mainstream, « in » ou « cool », essayez de vous glisser dans le monde des spectres de PJ. Vous n’y trouverez ni réconfort, ni compréhension, ni cette fameuse norme sociale moderne : « adapte-toi », « tolère », « sois bienveillant » et « de bonne volonté ». Non, vous y découvrirez la réalité crue de nos vies monotones et vides. PJ, avec un humour ravageur, met en lumière notre hypocrisie, notre duplicité, notre misère humaine.

    Évidemment, ce roman pourrait susciter colère et mécontentement chez certains lecteurs. Il faut être prêt pour cette lecture : elle ne vous caressera pas dans le sens du poil. Au contraire, elle vous forcera à réfléchir, à accepter l’horreur de notre quotidien vide et l’absurdité sans fin de notre prétendue « civilisation occidentale ». 

    Vous trouverez ce livre sur les étagères de la librairie Chien Sur La Lune. 

  • Une bande dessinée qui vous mettra en mouvement !

    Les images animées font aujourd’hui partie intégrante de nos vies. Chacun de nous porte dans sa poche un cinéma miniature, avec accès à des millions, voire des milliards (souvent inutiles) de vidéos, et probablement des trillions de photos. Les plateformes de streaming, d’un simple clic ou effleurement d’écran, nous offrent un catalogue allant du « Voyage dans la Lune » aux pires navets de Marvel, etc. Nous sommes habitués à ce que tout soit accessible, instantanément disponible.

    Il y a à peine 100 ans, filmer, regarder, photographier était une aventure en soi, et cette bande dessinée parle justement de cela : de créativité, d’extravagance et de révolution technologique. La persévérance, l’entêtement et l’intelligence aiguisée  d’un seul homme ont donné vie à un monde entier. Un monde d’illusions, mais quelles illusions !

    Eadweard Muybridge (1830–1904) était un photographe anglais et un pionnier de la projection d’images animées. Il est surtout connu pour son travail révolutionnaire dans la capture du mouvement à travers la photographie, notamment sa série d’images d’un cheval au galop, qui a prouvé que les quatre sabots quittent simultanément le sol. Muybridge a inventé le zoopraxiscope, un dispositif de projection d’images animées, et son travail a jeté les bases de la cinématographie moderne. Sa vie a été marquée par l’innovation, l’aventure et la controverse, y compris un procès médiatisé pour le meurtre de l’amant de sa femme.

    Guy Delisle, dans sa dernière bande dessinée, « Pour une fraction de seconde », nous plonge dans le monde naissant de la « modernité ». Delisle est un dessinateur qui aime l’observation discrète et silencieuse de ses héros et de leurs histoires. Son style est curieux et apaisé. Dans ses œuvres les plus célèbres (Pyongyang, Chroniques de Jérusalem, Shenzhen), il a opté pour un mélange de biographie et de récit de voyage en bande dessinée. Dans son dernier ouvrage, il nous propose un « biopic » en forme de la BD sur la vie de Muybridge. Son style y est reconnaissable : curiosité, équilibre et une connaissance détaille  de la vie de son héros donnent fluidité et dynamisme à l’écriture et au dessin. La bande dessinée se lit facilement, la vie de Muybridge étant pleine de surprises et de rebondissements, ce qui rend la lecture agréable et divertissante, comme une image animée. Delisle, qui a commencé sa carrière dans l’animation, joue habilement avec les codes de la bande dessinée et parvient, de manière méthodique, à recréer la « résurrection de la photographie » grâce à la technique de Muybridge, la chronophotographie (et oui GIF est très ancien). Puisque la vie d’Eadweard ressemble à un film d’aventure, chacun y trouvera son compte, que ce soit les amateurs de BD, de photographie, d’animation, ou encore les amoureux de récits romanesques et littéraires.

    « La vie est un miracle », affirme le grand réalisateur Emir Kusturica, et la vie d’Eadweard Muybridge en est la preuve. Chaque « cadre » de sa vie est extrêmement innovant, sa personnalité est pleine de contradictions et de particularités, et son existence ressemble à un film digne de Wilder, Coppola ou Sergio Leone.

    Le lien entre bande dessinée, animation et cinéma est plus que jamais évident. Ces trois arts visuels partagent une quête commune : capturer le mouvement, raconter des histoires et créer des mondes. Muybridge, avec ses photographies en séquence, a ouvert la voie au cinéma en décomposant le temps et en révélant l’invisible à l’œil nu. Delisle, quant à lui, avec son style narratif et graphique, nous rappelle que la bande dessinée est une forme d’animation figée. Chaque case est un instant suspendu, une image prête à s’animer dans l’esprit du lecteur, comme une scène qui attend son souffle pour prendre vie.

    Le cinéma, enfin, est l’aboutissement de cette magie : des images qui bougent, des récits qui se déploient dans le temps. Ensemble, ces trois disciplines nous rappellent que l’art, sous toutes ses formes, est une célébration du mouvement. Et tout cela, cette alchimie entre le réel et l’imaginaire, se joue dans une « Fraction de seconde ».

    Editions Délcourt

    24 €

    208 pages

    Disponible à la librairie

    Chien Sur La Lune

  • Pères, grands-pères et croix gammées : les secrets d’un patronyme

    Springora m’a plongé dans un dilemme intense. Devrais-je lire ce livre jusqu’à la fin ou le laisser moisir dans un coin de mon salon, comme un vieux meuble dont on ne sait que faire ? L’histoire commence avec la mort du père. Certains perdent leur mère (et ensuite tuent un Arabe sur une plage en Algérie, sans raison apparente), d’autres perdent leur père (Vanessa, moi, et quelques milliards d’autres avec nous), et certains perdent un parent après l’autre. 

    Puisqu’elle ne pouvait pas tuer son père de son vivant, elle a dû accomplir cet acte symbolique après sa mort. Comment s’y est-elle prise ? Une partie du travail (d’écriture) était assez acceptable, et une autre, franchement immature et inutile. 

    En réalité, elle n’a pas vraiment réussi à tuer le père. Elle a plutôt ressuscité le grand-père. Le thème central du livre, c’est ça : le père, le grand-père, la lignée masculine qui porte le nom de Springora. Ce nom, d’origine « tchèque », cache un grand secret. Springora, à la manière de Carrère ou Jablonka, se lance dans une quête des origines de ce patronyme. En chemin, elle vide l’appartement de la grand-mère, où le père avait enterré les secrets du grand-père. 

    Et quel appartement ! Un cloaque de saleté, de puanteur et de décadence morale, physique et humaine. C’est là que l’auteur tombe sur une montagne de questions. Une photo du grand-père en uniforme, avec une croix gammée sur le revers. Des lettres échangées avec sa famille en Tchécoslovaquie. Le secret se dévoile peu à peu, mais pas entièrement, car une bonne partie des secrets des morts reste enterrée avec eux. 

    Cette partie de l’histoire est tout à fait acceptable, littérairement et humainement. Elle est pleine d’esprit, d’intrigue et de proximité avec de nombreux lecteurs. Qui n’a pas de secret dans sa famille, qu’il jette la première pierre. Springora écrit de manière fluide, agréable, compréhensible et claire. Pas de fioritures, pas d’ennui, un style limpide.

    Le problème, c’est écrivaine ,  elle-même et sa simplicité face à l’histoire, son ignorance élémentaire. Sa simplicité parisienne, celle d’une écrivaine « à la mode », une star des médias et un chouchou de la critique littéraire. Vanessa aurait dû s’arrêter à son histoire personnelle, qu’elle menait bien à travers le roman. Mais non, elle a introduit des parallèles avec les problèmes géopolitiques actuels, et là, le roman devient insupportable. Vanessa a une vision du monde aussi plate que 99 % des médias mainstream. Il lui manque cruellement des connaissances historiques, surtout sur l’Europe centrale et orientale. Son analyse politique est au niveau des chroniqueurs ennuyeux de nos tristes médias. 

    Et c’est là que je me suis séparé de Springora, même si l’histoire elle-même et la manière dont elle nous la présente m’ont plu. Sa vision « naïve » (ou intentionnelle) du monde dans lequel nous vivons m’a semblé exagérée, mensongère et malhonnête. Tout cela a fait que le roman a perdu en force et en message. 

    Mais bon, trouvons une excuse à l’auteur. Quand on vit dans le mensonge, il est difficile d’accepter la vérité. On la prend à petites doses, une grande quantité peut nous étouffer. Qui sait, peut-être que Springora déterre lentement la vérité enterrée sous la montagne de mensonges du grand-père et du père. 

    Et c’est là que réside la véritable force de cette histoire : les secrets familiaux, ces fantômes qui hantent nos lignées, sont-ils faits pour être révélés ou pour rester enterrés ? Chaque famille porte en elle des non-dits, des silences lourds de sens, des ombres qui façonnent les générations suivantes. Springora, en cherchant à comprendre son patronyme, nous rappelle que les secrets ne sont pas seulement des fardeaux, mais aussi des clés pour comprendre qui nous sommes. Certainement que la vérité, certes  partielle, est préférable au confortable mensonge. 

    Ça vaut la peine d’être lu. 

    Patronyme de Vanessa Springora

    Éditions Grasset

    400 pages

    22 euros

  • « Boxons : Une pièce qui frappe fort et secoue les consciences à Aubigny »

    Hier soir, à la salle des fêtes d’Aubigny, une petite commune tranquille, nous avons vécu un moment véritablement magique. Une troupe d’acteurs amateurs a littéralement mis le feu avec une pièce qui envoie du lourd : « Boxons » Et là, permettez-nous de le souligner d’emblée, « amateurs » ne rime absolument pas avec « approximatif » ! Ces comédiens ont assuré comme des pros, avec une énergie et un talent qui nous ont scotchés pendant plus de 2h10. 

    Jean-Philippe de Oliveira, le metteur en scène, a orchestré un spectacle qui nous plonge dans une satire sociale ultra-percutante. Le pouvoir sous toutes ses formes (intime, éducatif, professionnel, politique) est passé à la moulinette, avec une critique acerbe de notre société néolibérale et de son individualisme à outrance. Entre rires, frissons et moments décalés, la pièce nous a secoués, mais surtout fait réfléchir. 

    Ce qui est véritablement impressionnant, c’est de voir comment cette troupe, composée de passionnés, a réussi à monter un spectacle d’une telle qualité et à l’offrir à une petite commune plutôt qu’à une grande scène parisienne, lyonnaise…

    La mise en scène était d’une inventivité rare, les dialogues ciselés, et l’interprétation des acteurs, tout simplement bluffante. À chaque instant, on sentait leur engagement profond et leur amour inconditionnel du théâtre. 

    La municipalité d’Aubigny a joué le jeu à fond en accueillant cette troupe avec une chaleur communicative, et le public, conquis, en redemande déjà. La librairie Chien Sur La Lune est fan et vous recommande chaudement ce spectacle. Si « Boxons » repassent près de chez vous, foncez sans hésiter ! C’est du théâtre vivant, engagé, et surtout, fait avec le cœur. Et ça, ça n’a pas de prix.

    Un immense bravo à toute la troupe pour ce moment inoubliable, et un grand merci pour nous avoir offert une telle parenthèse artistique et intellectuelle . Vous êtes une véritable inspiration !

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